Quelques avis de lecture…

Couvertures des nouveaux romans des précédents lauréats

Le comité de suivi est composé de bénévoles qui, en plus des premiers romans en lice de la saison, lisent les nouveaux romans des lauréats des éditions précédentes. Voici ci-dessous quelques uns de leurs avis de lectures !

 

Oliver Adam, Dessous les Roses, Editions Flammarion
Lauréat en 2001 pour son premier roman Je vais bien ne t’en fais pas (Dilettante, 2000)

Pour l’enterrement de leur père, une fratrie, Claire l’infirmière, Paul, l’aîné, cinéaste et dramaturge reconnu et Antoine le petit dernier devenu homme d’affaires, se retrouvent dans un huis clos où les rancoeurs, les rivalités, les souvenirs d’enfance, se heurtent sur fond d’affection (qui reste malgré tout). Les mots sonnent juste et sont convaincants mais faites attention à ce qui ressemble à un prologue et à l’épilogue : ce que vous venez de lire est le travail de Paul ; il est vrai que le personnage-auteur a été un lieu commun de la littérature mais si Paul est l’auteur de cette oeuvre, les reproches que lui font son frère et sa sœur sont très réels, ou alors invente-t-il , grossit-il le trait pour se donner le beau rôle ? Une chose est sûre, dans le roman d’ Olivier Adam, comme dans le travail de Paul, Paul est bien ce personnage central dans le réel comme dans la fiction : comme par hasard il n’intervient que dans le dernier acte, le troisième.

Alors ce travail est-il vraiment pour le théâtre ? (chaque personnage a droit à trois scènes) et, si le théâtre se nourrit de conflits, le lecteur acquiesce mais c’est aussi le monologue intérieur de chacun et, cela, c’est bien du roman axé sur le temps qui passe et la nostalgie des souvenirs d’enfance.

Si Olivier Adam se plaît à brouiller les codes, à leurrer son lecteur pour le surprendre, il écrit un roman bien construit qui pose le problème fondamental : réel et fiction, et qui illustre la difficulté de l’artiste qui s’inspire du réel et évidemment subit les remous générés par sa création.

Un roman original et très réussi qui dénoue l’écheveau embrouillé des relations familiales.

 

Stéphane Audeguy, Dejima, (Seuil, 2022)
Lauréat en 2006 pour son premier roman La Théorie des nuages (Gallimard, 2005)

Tout ce que l’on ne savait pas du Japon, sur l’avant Hiroshima puis sur l’après Hiroshima, à travers un personnage de femme qui se métamorphose.
C’est l’histoire du Japon qui se déroule.
Roman étonnant, foisonnant…

 

David Lopez, Vivance, (Seuil, 2022)
Lauréat en 2018 pour son premier roman Fief (Seuil, 2017)
Dans Vivance nous suivons un narrateur nomade, juché sur son vélo « Séville ». Il pédale, parcourt des kilomètres, choisit sa route, traverse des cités et des villes au soleil couchant. Il s’arrête parfois chez un voisin alcoolique un peu bizarre, ou chez un couple âgé dont le fils est décédé en montagne, il fait des rencontres sans lendemain, regarde les filles aux terrasses des cafés, s’installe près de l’eau, attend… Repense à son amour pour Renata, partie vivre ailleurs.
C’est un éloge de la lenteur (il repeint sa maison avec un petit pinceau pour ne pas terminer trop vite!), un livre sur la solitude, la liberté. Cette liberté qu’il trouve aussi par l’écriture : sans blanc, sans paragraphe, sans respiration autre que le rythme des coups de pédale. Livre mélancolique et émouvant.