Apéro littéraire en janvier 2016

En français, mais aussi en langue étrangère, les apéros littéraires sont des temps d’échange conviviaux entre lecteurs. On échange sur les premiers romans, on confronte ses opinions de lecture, on mets en avant ses favoris et on découvre d’autres pistes de lecture. De belle occasion de rencontres et de partages dans divers lieux de l’agglomération chambérienne.

Le 24 janvier 2016, la bibliothèque Georges Brassens, sur les Hauts-de-Chambéry, a accueilli ce temps d’échanges très animés : les uns ont défendu les premiers romans qui les ont le plus touchés et les autres ont profité de cette occasion pour prendre la température de la saison littéraire.

Voici deux critiques de lecture de romans qui font débat parmi les lecteurs !

. Ahlam, de Marc TREVIDIC (JC Lattès – 2016)
Paul, artiste ne vivant que pour son art et indifférent à la politique, ignore la réalité extérieure. Il recherche la symbiose entre la peinture d’Issam et la musique d’Ahlam. Il n’a cesse que de les voir progresser et n’aperçoit pas les contradictions qui animent le garçon. Issam finit par rejoindre un groupe d’islamistes et la propagande d’El Qaida. Il en est donc fini de l’Issam de Kerkennah qui prend faits et causes pour AI et commettra de nombreuses exactions. Ahlam quant à elle finit par conquérir le cœur de Paul et s’investit dans des actions féministes anti salafistes. Le récit s’achève avec la mort de Paul, égorgé par Issam mais l’épilogue offre au lecteur un sursaut de vie et d’espoir. Le roman se lit facilement car l’expression mêlant narration et dialogues fort nombreux offre un rythme assez rapide. Les descriptions riches en couleurs décrivent avec justesse l’esthétisme des protagonistes et des paysages, la réalité du processus de radicalisation (parfois même trop car la technicité perd un peu le lecteur). Au fil du temps chronologique du récit, l’expression des faits plonge le lecteur tantôt dans un superbe tableau tantôt dans une douce sonorité tantôt une grande sensibilité, tantôt la fureur et la crainte.

. Morandouna, le pays d’en haut, de Fabrice SLUYS (PASSIFLORE – 2016)
Fabrice Sluys nous invite au voyage de ce jeune homme de 21 ans désireux de rejoindre un espace inconnu des cartes de géographie. Il y évoque d’abord son périple , ses rencontres, sa première tentative d’accéder à cette terre improbable, son entêtement à parvenir à ce « merveilleux hasard géologique ». Morandouna l’accueille ensuite grâce à la perspicacité du chef de la communauté Fédhern. Le génie des habitants qui s’y sont succédés, a créé et fait perdurer un lieu de quasi auto subsistance dans un savant équilibre et respect des éléments naturels. « Une île perdue sur la mer des âges ». Aurélien va donc devenir à son tour un membre du pays d’en haut et participer au quotidien de ses habitants avec leurs croyances, leurs coutumes, leurs joies , leurs difficultés et leurs peines. Une passion intense et éternelle le liera à Azaïla, fille de Fedhern… L’écriture est limpide fluide et musicale .Son vocabulaire est conséquent et varié, les descriptions colorées et très expressives. De véritables tableaux parfois sonores s’offrent à nous. Certaines images rappellent les allégories des contes.