Ô douce nuit … de la lecture !

A l’automne dernier, nous quittait un auteur que nous chérissions depuis sa venue à Chambéry au Festival en 2015. Pour lui rendre hommage, nous avons imaginé une nuit de la lecture qui lui serait dédiée. Quoi de mieux que de faire résonner les mots qui nous avaient séduits il y a quelques années. Alors est né le pari fou de ce marathon de lecture : lire Le Liseur du 6h27 (Au diable Vauvert) dans son intégralité sur la voie publique.

Pour nous, ce 20 janvier, la nuit commença tôt. A 16h précises nous lancions un marathon de lecture. Nous sommes dix au début, puis vingt, puis trente. La place de la Métropole de Chambéry est congelée, les passants sortent du travail, ferment boutique et regagnent leur chez eux après quelques courses. Nous sommes dehors, avec un micro et personne ne rentre pour se réchauffer. Pire, tout le monde fait la queue en attendant impatiemment son tour de lecture. Les gens arrivent, certains s’assoient sur les quelques chaises, écoutent repartent, l’un d’entre eux voudrait lire, un homme, c’est assez rare, il n’a pas ses lunettes, il s’excuse, il est désolé, une dame nous dit qu’elle n’aurait jamais osé, que c’est la première fois qu’elle le fait en public, elle est guillerette, certaines s’impatientent, et mon tour ? quand vais-je lire ? Les chefs d’orchestre successifs ont bien du travail mais peu à peu, au fil du temps, le rythme s’installe.

La lecture est fluide, sans temps morts et les lecteurs prennent de plus en plus de plaisir dirait-on ; voilà qu’après la première heure, la voix porte mieux, le micro ne fait plus peur, le geste accompagne le texte, les voix ont des variations mélodiques qui suivent la broyeuse de romans ou le lecteur du métro. Les deux petites vieilles de l’EHPAD sont sur la place, Dame Pipi avec nous. Tout le monde, même ceux qui connaissent la fin, attendent l’issue de la quête du héros.

Et, c’est sur un final de lecture collective, le chœur des accrocs, que se termine cette soirée mémorable. Nous avions prévu un peu plus de quatre heures de lecture, nous l’avons fait en 4h15, contrat rempli. Il est 20h 15. On remballe. Vite au chaud, l’hiver est glacial ce soir.

Belle aventure humaine ce soir-là !

Merci aux Nuits de la lecture !