Retour aux invité·es
Gwenaëlle LENOIR
Camera obscura , Éditions Julliard

Spécialiste de l’Afrique orientale et du Proche et Moyen-Orient, Gwenaëlle Lenoir est journaliste indépendante notamment pour Mediapart et Marianne. Son premier roman Camera obscura est inspiré de la vie du photographe syrien César, dont les photos ont permis de prouver les exactions du régime de Bachar al-Assad.
Un matin, un photographe militaire voit arriver, à l’hôpital où il travaille, quatre corps torturés. Puis d’autres, et d’autres encore. Au fil des clichés réglementaires qu’il est chargé de prendre, il observe, caché derrière son appareil photo, son pays s’abîmer dans la terreur. Peu à peu, lui qui n’a jamais remis en cause l’ordre établi se pose des questions. Mais se poser des questions, ce n’est pas prudent. Avec une justesse troublante, ce roman raconte le cheminement saisissant d’un homme qui ose tourner le dos à son éducation et au régime qui a façonné sa vie. De sa discrétion, presque lâche, à sa colère et à son courage insensé, il dit comment il parvient à vaincre la folie qui le menace et à se dresser contre la barbarie.
Quand l’enfer ouvre ses portes, rares sont ceux qui osent le regarder en face. Dans ce roman saisissant, le narrateur s’en fait l’archiviste, mais aussi le résistant le plus efficace, honorant la mémoire des morts jusqu’au bout du sacrifice. Avec une écriture simple, dépouillée, l’autrice nous emmène dans la peur, l’horreur, le désespoir, et met de façon pertinente la fiction au service de son récit pour raconter ce qui est à peine racontable.
Retrouvez Camera obscura sur Chez-mon-libraire.fr
© Charlotte Krebs
Ils m’ont rendu mon fils dans un cercueil, mais ils me l’ont rendu. Tous ceux que tu vois sortir des fourgons, tous ceux que tu photographies, leurs familles ne sauront jamais, si tu pars. Le monde ne saura pas.
”